Délégation du conseil d’ENTREPRISES France – Mexique
conduite par M. Alexandre ZIEGLER, directeur Groupe International et Relations Institutionnelles de SAFRAN
Alexandre Ziegler, Directeur Groupe International et Relations Institutionnelles de Safran, a mené une délégation de MEDEF International du 14 au 16 octobre 2019 dans les villes de Mexico et Guadalajara. Grâce au travail de l’Ambassade de France et son service économique, les 30 participants ont reçu un excellent accueil, au plus haut niveau.
Une nouvelle donne politique et économique génère un certain nombre d’incertitudes. Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO, gauche) a été élu le 1er juillet 2018. Son élection est une rupture majeure dans l’histoire de ce pays après 70 ans de pouvoir du PRI. AMLO a fixé deux priorités : la lutte contre les inégalités et contre l’impunité. Une centralisation du pouvoir et un nationalisme accru signifient pour nos entreprises une nécessité de travailler différemment. Elles doivent mettre l’accent sur des partenariats locaux, sur les transferts de technologie et la formation. Ceci afin de démontrer aux donneurs d’ordres mexicains qu’elles peuvent contribuer à une montée en gamme de toute la chaîne de valeur. Elles doivent également insister sur ce qu’elles peuvent apporter en termes de RSE et de développement local. Dans un contexte qu’AMLO appelle « austérité républicaine », une forte diminution du nombre de fonctionnaires et la fermeture d’agences clés signifie une perte d’expertise dans le secteur public. Nous avons constaté des problèmes administratifs pour nos entreprises, des délais accrus et des problèmes de financement. Le Mexique nécessite également une réforme fiscale pour lever plus d’impôts et investir davantage pour réduire les inégalités. L’investissement public est en berne (-15% en 2019). Certaines administrations sont marquées par une forte idéologie, notamment l’Energie, mais AMLO se montre pragmatique. Il se veut à l’écoute des entreprises, comme en atteste la création du poste inédit d’Alfonso Romo, Secrétaire Général de la Présidence et « Ambassadeur du secteur privé » : monsieur Romo, qui est également un homme d’affaires reconnu, est un relais entre la Présidence et les entreprises mexicaines et étrangères. Le manque de visibilité de la politique économique d’ensemble reste néanmoins un facteur déstabilisant.
Le Mexique reste toutefois une destination intéressante, tant pour investir que pour exporter. Le pays demeure extrêmement compétitif : l’ouvrier mexicain est bien formé et reste moins cher que l’ouvrier chinois. Les élites sont de haut niveau. Le Mexique est un immense marché. Il est bien intégré au marché américain, les deux économies étant extraordinairement interdépendantes. Le Mexique est une bonne plateforme pour exporter, pas seulement au niveau régional mais dans le monde entier, en particulier vers les 50 pays avec lesquels le Mexique a des accords commerciaux. Le commerce extérieur demeure un important moteur de croissance du Mexique. Le pays tranche par sa stabilité macroéconomique depuis 30 ans : il s’illustre par sa discipline, sa rigueur et sa résilience. Son système financier est sain et bien régulé, avec une Banque Centrale pleinement indépendante. Le pays souhaite se doter enfin d’une politique industrielle qui lui faisait défaut et qui devrait favoriser l’innovation. C’est dans ce cadre que doit être placé la signature lors de cette mission d’un accord entre MEDEF I et la Concamin, principale fédération industrielle du pays, afin de développer des synergies communes aux industries de nos deux pays.
Le Mexique, membre du G20, de l’OCDE et de l’OMC, est notre 2e partenaire commercial en Amérique Latine derrière le Brésil. C’est un grand pays, historiquement, scientifiquement, économiquement et culturellement. Il peut potentiellement jouer un rôle majeur plus important dans la région et dans les affaires du monde. C’est un allié important de la France, proche de nos positions dans les instances multilatérales. Nous partageons un grand nombre de valeurs. Notre relation bilatérale au plus haut, ainsi que la bonne image de la France, sont deux éléments sur lesquels nos entreprises doivent capitaliser.