Délégation du conseil de chefs d’entreprises France-Colombie et de la task force Ville durable de MEDEF International
présidée par
M. Jean SOUCHAL,
Vice-président du conseil de chefs d’entreprises France-Colombie, président du directoire de Poma
MEDEF International a mené une délégation de 28 participants en Colombie (Bogota et Medellin) du 11 au 14 mars 2019.
Certaines entreprises françaises ont connu de beaux succès en Colombie. Le téléphérique de Poma à Medellin est montré en exemple dans toute l’Amérique latine ; il a contribué à une exceptionnelle baisse de la criminalité en désenclavant des quartiers sensibles. Casino est le premier employeur du pays (plus de 40 000 emplois) et réalise plus de 4 Md USD de CA en Colombie. Pour ses 50 ans de présence en Colombie, trois des véhicules de Renault sont dans le top 5 des véhicules les plus vendus du pays. L’Oréal inaugure une usine de pointe. Saint Gobain annonce un investissement de 160 M USD. Transdev a remporté un important contrat d’extension et d’opération du réseau de bus Transmilenio.
De fait, les entreprises françaises bénéficient en Colombie d’une excellente image et ont montré un fort engouement pour le pays en 2016-2017 du fait de plusieurs facteurs concomitants : la perspective de l’accord de paix avec les FARC, un ambitieux plan d’infrastructures (programme 4G) et une véritable explosion du tourisme. Ceci dans le contexte des années croisées France-Colombie et avec, en toile de fond, une démographie importante (46M d’habitants), en hausse ; l’émergence d’une classe moyenne consommatrice ; et d’intéressants programmes d’innovation numérique. Les infrastructures, les énergies renouvelables (EnR) et l’environnement semblaient ainsi constituer des secteurs particulièrement porteurs pour les entreprises françaises.
Force est de constater qu’en 2019, la concrétisation de ces promesses est difficile. L’accord de paix a bien été signé, mais sa concrétisation prend du temps. Les racines du conflit demeurent : inégalités économico-géographiques extrêmes ; violence et narcotrafic ; relative impunité des crimes commis dans ces zones reculées. Certes, les FARC ont désarmé ; cependant, les zones naguères contrôlées par les FARC sont réinvesties par d’autres groupes, en particulier l’ELN, tandis que la production de cocaïne connait un record historique et que la violence et l’injustice demeurent.
Quant au plan d’infrastructures (programme 4G), il est très ralenti tant les administrations colombiennes craignent d’être accusées de corruption suite à l’affaire Odebrecht. Les acteurs financiers sont prudents tant que le projet concerné n’a pas été liquidé, alors que les freins traditionnels demeurent. Les besoins ont été bien identifiés, mais les projets pour y répondre peinent à être mis en œuvre. Une partie du pays demeure ainsi quasi inaccessible faute d’infrastructures de transport adaptées. La compétitivité pâtit d’une logistique insuffisante.
Dans le domaine de l’énergie renouvelable, sur lequel nombre d’entreprises françaises souhaitaient se positionner, les objectifs d’EnR hors hydro sont bas comparés au potentiel du pays (passer de 50MW à 1500 MW d’ici fin 2020), tandis que le gouvernement souhaite relancer l’exploration de production d’hydrocarbures, y compris en recourant au fracking.
La Colombie continue toutefois à s’illustrer par sa stabilité dans un contexte régional troublé, tant sur les plans politique qu’économique. Les élites sont bien formées et l’investissement étranger est plus que bienvenu, brossant le tableau d’un pays accueillant et créatif. La Colombie montre plus que jamais une forte volonté d’aller de l’avant dans le domaine de l’innovation et du numérique. En atteste la volonté de création d’une station F locale et de faire de Medellin un centre mondial de l’industrie du futur, ainsi qu’annoncé au forum de Davos en 2019. L’économie colombienne se diversifie.
Les très forts besoins en infrastructures, actuellement gisements d’opportunités, permettront de débloquer le potentiel de la Colombie. Le gouvernement est conscient du frein que constituent la faible compétitivité du pays et des enjeux fiscaux. Reste à voir s’il parviendra à y apporter une réponse idoine.